PREMIERE PARTIE : Le Kid de Las Vegas
Le destin d'Agassi est avant tout une histoire familiale. Emmanuel Agassian, arménien d'Iran, décide de rejoindre les Etats-Unis pour tenter sa chance en tant que boxeur. Mais son échec le pousse à envisager une carrière sportive pour ses enfants. "Mike Agassi" relate dans "The Agassi story" comment il a tout appris du tennis afin de former ses enfants Rita, Phillip, Tamee et Andre.
Adolescent, ce dernier se rebelle un temps avant de se décider à prolonger le rêve paternel. Il rejoint l'Académie de Nick Bolletieri et plonge, à 16 ans, dans le grand bain professionnel.
Explosif, impertinent, Andre bouscule le tennis de papa comme John McEnroe et Jimmy Connors avant lui. La nouvelle génération américaine débarque. Cheveux longs décolorés, short en jean, coup droit détonant, il devient vite la coqueluche des sponsors et des médias.
"The Agassi story"
L'idole joue au tennis comme on donne un concert mais ne gagne pas de titres majeurs. Il échoue en demi-finale à Roland-Garros face à Mats Wilander, puis face à Ivan Lendl à l'US Open en 1988. L'année de ses vingt ans, en 1990, il déçoit le monde du tennis en finale de Roland-Garros (battu par Gomez en quatre sets) et à Flushing Meadows (battu par Sampras).
Jim Courier le terrasse ensuite en finale de Roland-Garros 1991. L'impatience laisse place au doute. La gentille "provoc" du cogneur made in Bolletieri a des limites. Sampras et Courier ont pris de l'avance au compteur. Mais le plus beau reste à venir.
DEUXIEME PARTIE : Vers un quatrième titre du Grand Chelem
Relanceur exceptionnel, c'est sur gazon, là où personne ne l'attendait, qu'il décroche son premier titre du Grand Chelem. En 1992 à Wimbledon, il arrache la victoire de la raquette de Goran Ivanisevic au cinquième set. La belle histoire se poursuit en Coupe Davis, où il remporte le titre avec la "dream team" John McEnroe, Pete Sampras et Jim Courier.
De 1992 à 1996, il accumule trois titres du Grand Chelem, une finale et quatre demi-finales et un titre olympique à Atlanta. Et puis, la chute. Agassi fait la Une des journaux avec Brooke Shields mais perd le fil de son tennis pour tomber 122e mondial. "A ce moment-là, c'était soit quitter le circuit soit changer d'attitude. Je me suis dit que j'avais encore quelque chose à donner", explique Andre.
En 1999 et 2000, Agassi donne effectivement le meilleur de lui-même au tennis. Crâne rasé comme un bonze, l'Américain a pris de la hauteur. Il devient un des trois joueurs de l'ère Open à atteindre la finale des quatre tournois du Grand Chelem consécutivement (avec Rod Laver et Roger Federer). Son succès à Roland-Garros, malgré deux sets de retard, face à l'Ukrainien Andreï Medvedev est une des rencontres les plus émouvantes depuis l'échec de John McEnroe. "C'était un miracle" avoue-t-il.
TROISIEME PARTIE : Les derniers exploits
Cinq ans plus tard, Agassi est remarié avec Steffi Graf, et père de deux enfants (Jayden et Jazz) . Il a gagné deux autres titres majeurs en dépit de la nouvelle génération. Marat Safin, Lleyton Hewitt, Gustavo Kuerten, Andy Roddick, Juan Carlos Ferrero et autres Sébastien Grosjean ou Arnaud Clément auront profité du regain de forme de l'Américain. Mais celui qui le stoppera le plus souvent sur la route des Grands Chelems, c'est bien sûr son éternel rival et compatriote Pete Sampras.
"Pistol Pete" l'a battu dix-sept fois en finale, dont quatre en Grand Chelem. La retraite de Sampras est tout un symbole. Devant un public comblé, ce dernier s'impose en quatre sets face à Agassi en finale de l'US Open 2002.
Sampras, le rival idéal
La défaite et le départ de ce rival idéal sont un coup dur mais Agassi enchaîne par une victoire à Melbourne. Miné par des problèmes de nerf sciatiques dès 2004, Andre lutte pour rester au niveau.
En 2005, il réussit pourtant un fantastique baroud à l'US Open. Vainqueur d'un nouveau match culte face à James Blake en demi-finale, il doit logiquement s'incliner face à Federer. Le constat est implacable : " Roger est plus fort que Pete ". Venant d'Agassi, le compliment est de taille.
Au sommet une dernière fois à 35 ans, devant son public, Agassi aurait pu simplement imiter Sampras et s'arrêter lui aussi sur une finale de l'US Open, mais il veut poursuivre l'aventure en 2006. Son corps ne suivra pas. La saison ressemble à un calvaire, mais il trouve encore les ressources de gêner Nadal, futur finaliste, à Wimbledon.
L'avenir de ce joueur d'exception passe désormais par sa fondation. Sans ses raquettes, Agassi se sent encore capable de donner l'exemple.
AGASSI ET SON ENTOURAGE :
Perry Rogers, son ami d'enfance, est président d'Agassi Enterprises Inc et de l'Andre Agassi Charitable Foundation. Nick Bolletieri est l'inévitable directeur de la célèbre Académie éponyme. Gil Reyes est plus qu'un simple préparateur physique, un ami et conseiller depuis 1990. Son entraîneur actuel est Darren Cahill. Sur le circuit, un de ses amis le plus proche est l'Arménien Sargis Sargsian.
Après un premier mariage infructueux, sa seconde femme n'est autre que Steffi Graf, autre légende du tennis moderne, avec qui il a eu deux enfants : Jaz et Jayden.
QUELQUES STATISTIQUES :
. Il est le seul joueur de l'histoire à possèder quatre titres du Grand Chelem différents plus une médaille d'or olympique.
. Il partage avec Fred Perry (GBR), Don Budge (USA), Rod Laver et Roy Emerson (AUS), le fait d'avoir remporté au moins un titre de chaque tournoi du Grand Chelem.
. Ils ne sont que quatre à avoir décrocher au moins quatre fois l'Open d'Australie. Agassi en fait partie avec Roy Emerson, Jack Crawford et Ken Rosewall.
. Il fait partie de la liste des onze joueurs vainqueurs au moins de huit tournois du Grand Chelem. Avec 8 titres, il n'est devancé que par Sampras (14), Emerson (12), Borg et Laver (11), Tilden (10).
. "Dédé" pour les Français ou "Dre" pour les Américains est devenu le N.1 mondial le plus âgé pendant 14 semaines en 2003 (33 ans, 13 jours).
. Sur ses 60 titres, Agassi en a remporté 41 aux Etats-Unis, 4 en Australie, et 3 en France et au Canada. Il a participé à 8 finales à Miami et San José, et 6 Washington, Los Angeles et l'US Open.
. En Grand Chelem, il cumule 223 victoires, juste devant Ivan Lendl (222) et seulement dépassé par Jimmy Connors (233).
LES DECLARATIONS :
Pete Sampras : "Il a sorti le meilleur en moi. Je n'aurais jamais été ce que je suis sans lui."
Roger Federer : "Il a inspiré la plupart des joueurs d'aujourd'hui. Et j'ai été suffisamment chanceux pour l'avoir affronté plus d'une dizaine de fois."
LE PALMARES :
. 60 titres en simple entre 1987 et 2005 :
TITRES EN SIMPLE
1987: Itaparica.
1988: Charleston, Forest Hills, Livingston, Memphis, Stratton Mountain, Stuttgart Outdoor.
1989 : Orlando.
1990: Key Biscayne, San Francisco, Singles Championship, Washington.
1991: Orlando, Washington.
1992: Atlanta, Montreal / Toronto, Wimbledon.
1993: San Francisco, Scottsdale.
1994: Montreal / Toronto, Paris-Bercy, Scottsdale, US Open, Vienna.
1995: Open d'Australie, Cincinnati, Key Biscayne, Montreal / Toronto, New Haven, San Jose, Washington.
1996: Jeux Olympiques à Atlanta, Cincinnati, Key Biscayne.
1998: Los Angeles, Ostrava, San Jose, Scottsdale, Washington.
1999: Hong Kong, Paris-Bercy, Roland Garros, US Open, Washington.
2000 : Open d'Australie .
2001: Open d'Australie, Indian Wells TMS, Los Angeles, Miami.
2002: Los Angeles, Madrid TMS, Miami TMS, Rome TMS, Scottsdale.
2003: Open d'Australie, Houston, Miami TMS, San Jose.
2004: MS Cincinnati.
2005: Los Angeles
TITRES EN DOUBLE
1993: Cincinnati
. Grand Chelem : 8 titres :
Australie (1995, 2000, 2001, 2003)
Roland-Garros (1999)
Wimbledon (1992)
US Open (1994 et 1999).
Coupe Davis : Trois victoires en 1990, 1992 et 1995. (Il n'a perdu que six fois en 36 rencontres de Coupe Davis).
Meilleur classement: N.1 (pour la première fois le 10 avril 1995 pour la dernière fois le 31 août 2003) au total 88 semaines.
N.1 mondial à la fin de l'année 1999.
Gains sur l'ensemble de sa carrière: 31,043 millions de dollars.