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« Je suis fan de Tsonga »


BORIS BECKER, ancien numero un mondial




Proprietaire d'une marque de vêtements, animateur de shows télévisés,
supporteurs du Bayern Munich, à la
tête de plusieurs concessions Mer-
cedes en Allemagne et désormais
joueur de poker professionnel, Boris
Becker mène une retraite active.
Alors que vient de débuter le tournoi
dIndian Wells, où Jo-Wilfried
Tsonga effectue sa rentrée, lancien
champion plaide pour un tennis
spectaculaire. Et il ne cache pas son
admiration pour le jeune Français.

Quel regard portez-vous
sur le tennis actuel ?



Boris Becker. Je résumerai ma
pensée par une formule : il y amoins
démotion, moins de style, mais
beaucoup plus dargent.

Est-ce que vous jouez encore
pour le plaisir ?

Je dispute encore quelques matchs-
exhibitions. Ils me permettent sur-
tout de garder la forme. Lesprit de
compétition sest envolé.

Qu’est-ce qui vous pousse
a regarder encore un match
a la television ?

Jaime les oppositions de style.
McEnroe - Borg, ça nexiste plus. Le
spectaculaire doit être au coeur de
laction. Federer reste mon joueur
préféré, mais lémergence de la nou-
velle vague me ravit. Djokovic et
Tsonga me laissent entrevoir de
belles perspectives.

Pourquoi êtes-vous seduit
par Tsonga ?


Ce type arrive de nulle part et il joue
sans se poser de questions. Jaime
son style, sa gueule et son état des-
prit.

Seriez-vous dispose a l’aider ?

Lui donner des conseils à l'occasion,
pourquoi pas… Mais je ne pourrai
jamais être coach. Je ne pourrai plus
jamais consacrer 100%dema vie au
tennis. Je vais parfois sur les Grands
Chelems pour le plaisir. Je com-
mente les matchs et ça me suffit.

« Gasquet n'a
ni la passion ni la rage »
En France, nous avons aussi
Richard Gasquet…

Techniquement, il est parfait. Il pos-
sède la panoplie idéale du tennis-
man contemporain. Il estmême plus
talentueux que Tsonga, mais n'a pas
la passion, la rage, pour entrer dans
le dernier carré d' un Grand Chelem.
Nous nous sommes toujours
demande si ce surnom
de Boum-Boum vous faisait
reellement plaisir.

C’est restrictif pour
un joueur de tennis, non ?

(Il sourit.) Boum-Boum résumait ma
manière de prendre la balle très tôt
en entrant sur le terrain. Je jouais très
près de la ligne de fond de court. Je
retrouve un peu de moi dans le jeu
de Tsonga. Jaime les joueurs offen-
sifs qui prennent des risques. Voilà
pourquoi je vous redis que je suis
l'un des plus grands fans de Tsonga.

Vous êtes connu
pour votre franc-parler.
Avez-vous deja parie
sur un match de tennis ?

Vous faites référence aux présumés
matchs truqués. Je naime pas les
joueurs qui crachent dans la soupe.
Pour ne rien vous cacher, jaime le
poker, mais je n'ai jamais parié sur
un tennisman ou sur un cheval. Da-
vydenko, ilparle trop. Jai envie de lui
dire de faire plaisir aux gens. De
même pour le dopage. Oui, cela
existe sûrement, mais je n'ai pas de
preuves.
Propos recueillis
par Karim Nedjari

« Il a quelque chose en plus »


BORIS BECKER, ancien roi de Bercy, se retrouve dans le jeu de Tsonga et porte un regard passionné
sur le tennis actuel.


Vainqueur du tournoi en 1986, 1989 et 1992, finaliste en 1990
et 1995, Boris Becker a marqué Bercy de son empreinte de
géant. Convalescentà la suite d’une blessure au dos qui l’a privé
d’uneétape du circuit seniors à Dallas, il ne manquepas une
miette de cette fin de saison qu’il a suivie passionnément.
Nadal,Federer,Tsongaetles Français,rienn’échappeàsonoeil
de champion reconverti dans le commentaire pour la BBCpendant
Wimbledon ou le poker professionnel, son nouveau
métier.





« À L’IMAGE DE JO-WILFRIED
Tsonga, cette semaine, le tennis
français, avec Simon, Gasquet
ou Monfils, se porte bien
en ce moment. Ça vous
étonne ?


– Non. D’abord, mon premier compliment
s’adresse au système de formation
français. Avoir quatre
joueurs de moins de vingt-cinq ans
dans le top 20, c’est extrêmement
rare. Maintenant, tout le monde
chez vous attend une victoire en
Grand Chelem, j’imagine... J’espère
qu’un de ces quatre-là y parviendra
bientôt.


– Qui, d’après-vous, en est le
plus capable ?

– J’ai vu Tsonga àMelbourne, Monfils
à Roland-Garros, Simon à Toronto
puis à Madrid et Gasquet, qui est
au haut niveau depuis deux ou trois
ans. Ils ont tous un gros potentiel.
Des quatre, Tsonga possède le tennis
qui ressemble le plus au mien. Je l’ai
vu battre Nadal à Melbourne. Très
impressionnant. Pour moi, il a
quelque chose en plus : il y a toujours
du spectacle quand il est sur le court,
on ne s’ennuie jamais.

– Récemment, Gaël Monfils a
signé avec Ion Tiriac, votre
ancien manager…

– C’est une très bonne chose pour
Monfils parce que Ion connaît parfaitement
le tennis et ne se trompe
jamais quand il choisit quelqu’un.
S’il décide qu’un joueur peut devenir
ungrand, alors il ya des chances qu’il
y parvienne.

– Qu’est-ce qu’il aime chez un
joueur ?

– Il apprécie la personnalité, le
caractère… Hum... (il hésite puis
insiste) mais surtout la peur est interdite
avec lui. Il ne faut douter de rien.
– Vous avez été un des rois de
Bercy.

Comment expliquez vous
que vous étiez si difficile à
battre dans cette salle ?

– À mon époque, le tournoi était le
plus gros tournoi indoor de fin
d’année. Moi, je n’étais pas trop fatigué
en fin de saison (il oublie son
abandon en finale en 1990 contre
Stefan Edberg après six jeux…).
Tout dépend des priorités que vous
vous fixez. Pour moi, la saison indoor
était essentielle, je m’investissais
beaucoup pour y être à mon top. Je
jouais moins de tournois sur terre
battue que d’autres par exemple, ce
qui me laissait l’opportunité de faire
un break pour arriver frais en fin
d’année. Le dur ou l’indoor, c’était
mon truc.

– La surface a été nettement
ralentie par rapport à votre
époque. Vous le regrettez ?

– Je me suis demandé ces derniers
temps pourquoi il n’y a plus de serveurs-
volleyeurs. Vous avez donné la
réponse. Si on veut une surface où
tout le monde peut jouer, particulièrement
en salle, il faut la ralentir et
donc ne pas se plaindre de ne plus
voir de joueurs faire service-volée.
C’est l’un ou l’autre. Moi, j’aime que
Nadal et les frappeurs du fond du
court s’expriment en salle. Ça peut
faire de beaux matches contre des
joueurs, disons, plus offensifs.
« J’aurais adoré
jouer contre Nadal
sur gazon »

À propos de Rafael Nadal,
auriez-vous imaginé après sa
première victoire à Roland-
Garros, en 2005, qu’il deviendrait
un jour numéro 1 mondial
?

– J’imaginais qu’il deviendrait fort
mais pas à ce point-là. Mais, quand il
a défendu son titre à Roland-Garros,
je me suis posé des questions…
parce que défendre un titre du Grand
Chelem, c’est dur. Peu de joueurs ont
réussi à le faire au fil des années.
Vous ne pouvez pas imaginer les
attentes personnelles et médiatiques
qui pèsent sur vos épaules au
moment de défendre un titre comme
celui-là. C’est vraiment spécial et
Nadal est spécial. Federer et ses cinq
Wimbledon et US Open, c’est pareil :
c’est unique d’avoir deux joueurs à la
même époque capables d’évoluer à
un tel niveau.

– On a l’impression que ces
deux hommes vous régalent…

– Nous vivons une époque formidable.
Le fait que deux des meilleurs
joueurs de tous les temps, Federer et
Nadal, s’affrontent dans autant de
grands matches, c’est énorme à voir.
C’est une chance d’en être témoin.
J’aime leurs styles de jeu et le fait
qu’ils évoluent dans deux registres
différents. Nadal est numéro 1 parce
qu’il a gagné deux titres du Grand
Chelem, plus la médaille d’or olympique,
mais ça ne veut pas dire que
Federer n’est plus bon.

– Quels progrès avez-vous
notés chez Nadal ces derniers
mois ?


– Sa position sur le court. Il est devenu
agressif. Il n’est plus simplement
undéfenseur, il vient au filet pendant
l’échange, où il se montre d’ailleurs
très adroit. Il ne se contente plus
d’attendre l’adversaire en faisant
droite-gauche sur sa ligne. Il prend
les initiatives.

– Lequel des deux auriez-vous
aimé affronter ?

– Hum… J’aurais adoré jouer
contre Nadal sur gazon.

– Pourquoi ?

– Parce que j’aurais eu une bonne
chance…

– Comment ça ?

– Mon jeu aurait pu parfaitement
rivaliser avec le sien sur gazon ou
indoor. Parce qu’il est un excellent
tireur de passing-shots et que je
n’étais pas mauvais à la volée…
Mais, en revanche, j’aurais détesté,
je dis bien détesté, le rencontrer à
Roland-Garros. J’en serais mort
(rires) !

– Et Federer ?

– Bien sûr, sur n’importe quelle surface.
Quand on est joueur de tennis,
on veut toujours jouer contre les plus
grands. La manière dont il a joué
cette année à l’US Open et même
cette finale de Wimbledon, c’était
tout simplement merveilleux.

– Battra-t-il le record de Sampras
?

– Je le crois. Le mec est encore
jeune. Il peut encore jouer très facilement
cinq années. Écoutez, ce type
vient de faire demi-finales en Australie,
finale à Roland-Garros et Wimbledon,
et victoire à l’US Open : à
chaque fois que démarre un Grand
Chelem, il a une chance de le remporter.
Cette situation ne va pas
changer avant un certain nombre
d’années. »
ROMAIN LEFEBVRE

Moi aussi je suis complètement conquis par Tsonga. Je trouve ce joueur hyper bien pour le tennis aujourd'hui. Son jeu est hyper spectaculaire. Je crois que si je l'avais critiqué à Melbourne c'était par peur d'être déçu par la suite. Mais là, on a l'impression que son sur régime est son régime naturel. Personnellement j'adore et je suis à fond derrière lui aujourd'hui.