Encore un enieme francais qui n'a pas de mentale, je pense de plus en plus que c'est une veritable culture en France !
Mahut enfin lui-mêmeChampion junior de Wimbledon 2000, le Français a mis sept ans à se qualifier pour sa première finale ATP contre Andy Roddick.
EN CE JOUR DE DÉCEMBRE 1999,
en plein tournoi de l’Orange Bowl, la
plus grande épreuve juniors de
l’année, il régnait une animation inhabituelle
autour du court no 14. Les
rares personnes concernées par cette
compétition, parents, entraîneurs,
agents, journalistes et quelques
curieux de passage, venaient à peine
de se remettre de la raclée subie par
Maria Sharapova devant Marion Bartoli
que la rumeur les incitait à se diriger
vers un autre court où deux « fous
furieux » s’expliquaient à grands
coups d’aces et de services gagnants.
L’un était américain, Andrew Roddick,
et l’autre, français, Nicolas Mahut.
Roddick avait juste dix-sept ans et
Mahut allait sur ses dix-huit. Durant
une bonne heure et demie, l’empoignade
eut tout d’un match de pros,
finalement remporté par Roddick en
deux sets alors que Mahut avait
mené au second avec un break
d’avance. Luigi Borfiga, l’entraîneur
français qui accompagnait Mahut,
déclara à la fin du tournoi que cematch
en avait constitué la vraie finale.
Il n’avait pas tort. Dans l’avion du
retour vers Paris, quelques jours plus
tard, on se disait que ces deux-là
n’allaient pas tarder à faire trembler
plus d’un pro sur le circuit ATP. Pour
confirmer tout le bien qu’on pensait de
lui, Mahut remporta le tournoi de
Wimbledon juniors quelques mois plus
tard, en juillet 2000.
Un long sur-place
Et puis… et puis, l’entrée des deux
jeunes gens chez les« grands » se passa
différemment. Dès 2001, Roddick se
signala par un quart de finale à l’US
Open pendant que Mahut échouait au
premier tour dans les deux tournois du
Grand Chelem qu’il disputa cette
année-là, en Australie et à Roland-
Garros. Mieux, fin 2001, Roddick pointait
au 14e rang mondial et Mahut
200 places plus loin.
Mis à part un bref passage dans le
top 100 fin 2003, le Français végéta
dans les profondeurs du classement
jusqu’à l’année dernière où on le vit se
hisser jusqu’à la 61e place. Mais alors,
pourquoi ce long sur-place de la part
d’un jeune joueur au jeu flamboyant,
bâti comme un athlète avec son
1,91 m pour 80 kg ?
Hier soir, après sa qualification pour sa
première finale ATP, Mahut revenait
sur ce long et difficile passage. « Plusieurs
facteurs sont entrés en ligne de
compte et expliquent mon manque de
progrès. C’est vrai que j’ai gardé pendant
un temps l’esprit junior. Mais surtout,
je n’arrivais pas à trouver une
identité àmon jeu. J’étais fait pour être
un véritable attaquant mais, en même
temps, je pensais qu’un match de tennis
ne se gagnait pas forcément au
filet. Alors j’essayais de jouer du fond
ducourt, de frapper debeaux revers liftés
et ça ne marchait pas vraiment. Et
puis dans ma mentalité, je ne voyais
pas les choses en grand. Je me disais :
tiens, si je fais un quart de finale à tel
tournoi ça va faire des points de classement,
c’est bon. Mais je ne pensais
jamais à aller au-delà. Dans matête, je
n’en étais pas capable. Avec de tels raisonnements
on ne peut pas aller bien
loin. »
« Comme un petit
déclic »
En plus de ses problèmes directement
liés à sa carrière de joueur, Nicolas
Mahut endura un véritable calvaire
durant la longue maladie qui finit par
emporter sa mère, en mars 2005.
« C’était dur, c’est vrai. Dans cette
situation, on ne peut pas se focaliser à
cent pour cent sur son tennis. »
Grâce aux résultats obtenus cette
semaine, Mahut espère qu’à vingtcinq
ans, il a enfin trouvé sa vraie voie.
« Le match contre Björkman en début
de semaine m’a fait le plus grand bien.
Après l’avoir battu, je me suis dit que
j’étais sûrement capable de faire beaucoup
mieux sur une surface que j’affectionne.
Il y a eu comme un petit déclic
sans lequel je crois que je n’aurais
jamais pu battre Nadal en quarts de
finale. Maintenant que je suis en
finale, quoi qu’il arrive, j’espère bien
être en mesure de garder ce nouvel
état d’esprit, de me dire que je peux
jouer avec les grands. Je ne veux plus
vivre dans la hantise de penser que si je
suis pris de justesse dans un tournoi du
Grand Chelem, je risque à tout
moment de retomber dans les tournois
Challengers en cas de mauvais résultats.
Quand on est 90e mondial, il n’y a
aucune soupape de sécurité, on peut
vite replonger. Mieux vaut alors regarder
devant soi et ne pas penser à une
chute éventuelle. »
Aujourd’hui, Mahut retrouve Andy
Roddick pour sa première vraie finale,
chez les grands. Gagnant ou perdant,
il n’espère qu’une chose : que cette
semaine passée au Queen’s efface
sept années de tâtonnements et lui
permette désormais de jouer dans la
même catégorie que celui contre
lequel il a livré cette si belle bataille un
jour de décembre 1999.
ALAIN DEFLASSIEUX