Eduard Davydenko, frère et coach de Nikolaï, décrypte les bouleversements au sommet de la hiérarchie du tennis mondial.
Que vous inspire ce début de saison, le plus ouvert depuis longtemps ?
Il y a beaucoup de très bons joueurs, c’est sûr. Mais, pour moi, il n’y a pas tant de surprise que cela. Tsonga, par exemple, je l’avais déjà senti venir en fin d’année dernière. Nikolaï l’avait rencontré au premier tour à Moscou. Il est arrivé en Australie en pleine confiance. Or, en tout début de saison, on sait bien que plusieurs des meilleurs joueurs du monde n’ont pas encore retrouvé leurs marques. Mais c’est normal : il y a en permanence de nouveaux joueurs qui émergent. Ils profitent du fait que certains membres du top soient un peu fatigués physiquement et mentalement.
C’est l’explication du début d’année décevant de Roger Federer ?
Ces derniers temps, je n’ai pas beaucoup vu Roger sur les courts d’entraînement. Il n’y consacre plus autant d’heures chaque jour. Peut-être essaie-t-il de ne pas trop dissiper sa motivation avec de l’entraînement et qu’il préfère la réserver aux matchs. Je n’en sais rien. En revanche, «Rafa» [Nadal, ndlr], lui, s’entraîne toujours énormément ! Croyez-moi, ce gars est toujours là ! Du coup, alors que le dur, on sait que c’est toujours un peu plus difficile pour lui, qu’il est plus lent, là, on dirait qu’il joue sur terre battue !
Le fait qu’il n’y ait plus seulement deux joueurs archi-dominateurs doit redonner de l’espoir aux autres…
Bien sûr, forcément. C’est vrai que, même si je n’en parle pas tellement avec les autres coachs, j’entends pas mal de choses. De toute façon, il n’y a qu’à regarder les matchs de Roger. Il n’évolue pas au niveau qui était le sien auparavant. Il commet beaucoup trop de fautes. Par exemple, un Roger Federer «normal» utilise énormément le revers slicé et ne le rate quasiment jamais. Et là, sur ce coup, il commet beaucoup d’erreurs. Quand il est à son top, il joue également plus vite et plus long qu’en ce moment. Ça, beaucoup de joueurs l’ont remarqué. Est-ce inquiétant pour lui ? Moi je trouve qu’il joue de mieux en mieux chaque semaine et à chaque match, notamment ici à Miami. Surtout en coup droit. Si cela se trouve, la semaine prochaine, il jouera de nouveau très bien et il gagnera ! Il est loin d’être fini.
Quels joueurs voyez-vous sortir leur épingle du jeu d’ici la fin de saison ?
Djokovic sera toujours là au top, bien sûr. Andy [Roddick] aussi. Il sert vraiment bien ces derniers temps. Lors de sa demi-finale face à Nikolaï, vendredi, il a servi incroyablement vite. Il n’y a qu’à voir aussi ce qu’il a réussi dans ce domaine-là face à Roger en quarts. Pour moi, on va aussi reparler de Nalbandian. Il sent tellement bien la balle. On a d’ailleurs pu le voir en fin d’année juste avant le Masters. Et puis, j’espère vraiment que Berdych, Gasquet et Tsonga vont briller. De toute façon, il y a tellement de tournois qu’il est impossible que ce soient toujours les mêmes qui l’emportent.