Sergi Bruguera

Bruguera bat Courier et réalise son rêve de gosse

Au terme d’une rencontre incroyable d’intensité et disputée en cinq sets (6-4, 2-6, 6-2, 3-6, 6-3), l’Espagnol a réussi à dominer le tenant du titre en montrant qu’il avait du cran. A vingt-deux ans, il devient « le » spécialiste de la terre battue.

SERGI BRUGUERA a d’abord exaucé un voeu : il a transporté dans sa raquette l’esprit des plus grands, jusqu’à la dernière minute du tournoi, au bout d’un combat qu’il a mené comme un hidalgo de renom. Ensuite, le Catalan a exaucé un rêve de gosse, un rêve qui prend pourtant forme et vie alors qu’il déclame au public des mots qu’il n’imaginait pas pouvoir prononcer un jour : « Dès l’âge de six ans, dit-il, j’ai rêvé gagner un jour Roland-Garros. Je livre ce secret aujourd’hui : tous les ans c’était mon voeu d’anniversaire le plus cher, gagner Roland-Garros ! » L’homme n’en revient pas et sourit. Il rayonne et son corps se reprend, le ciel devient encre. Mais de son bras droit qui frappa l’espace et Jim Courier

* « l’imbattable » -, cet Espagnol-là vient d’écrire l’une des pages les plus émouvantes de l’histoire du tournoi. Rien de moins. 15 heures. Combat de « spécialistes » ? On ne sait trop. Il y a dans chacun de ces deux hommes qui se filent le train quelque chose de profondément différent. La terre, d’accord, est pour eux une seconde nature. A une différence près toutefois : pour l’Espagnol, elle reste à elle seule la raison de vivre de son tennis ; pour l’Américain, par contre, elle l’est simplement devenue. Résultat : un fossé immense qu’il faut retrouver loin dans l’apprentissage. Bruguera d’abord. A vingt-deux ans, l’héritier d’un tennis espagnol plutôt à la dérive dans les années quatre-vingt, ne possède ni le caractère ombrageux de ses illustres aînés (Santana, Orantès, Gimeno) ni l’outrecuidance débordante de certains croqueurs de circuit tôt initiés. Non, Sergi n’a pas été élevé comme une bête de concours et le revendique. « Mon père, prof de tennis, n’a pas voulu que je me détruise très tôt, dit-il. Il était le coach d’Aguilera et d’Arrese, et c’est sans doute à partir de leurs exemples qu’il a été très sage avec moi : je suis fils unique. » Les débuts : « En fait, ma famille ne m’a lancé dans le bain qu’en 1988, j’avais déjà dix-sept ans. Trop tard pour certains. » La surface : « Evidemment la terre battue, parce que, au pays, c’est une religion. » Descendant de don Quichotte dont il possède un peu la triste figure lorsqu’il tente de bredouiller en français, Sergi rayonne tandis que son image d’homme peu communicatif le poursuit. Mais, sur le terrain, il déborde vite les rumeurs. Pur produit d’une jeune école qui conjugue la puissance et le physique, il se sert des lignes blanches en mettant de la fierté dans la frappe. « Je suis un solitaire et heureux comme ça », explique-t-il.

Le cas Courier ? Un autre monde. Lui, il se définit tout seul : « Y a-t-il un style Courier ? se demande-t-il. Je ne sais pas… Quand j’étais jeune, j’avais le style de jeu de chez Nick Bollettieri. Maintenant j’ai grandi. » Comme Agassi-l’arrache-pubs, Jim est un enfant des Etats-Unis. Avec ses débordements et ses folies. Chez Bollettieri, outre la technique de fer, l’enfant apprend la discipline du travail comme une marque de fabrique directement issue des commandos de marines d’où vient son mentor. Mais la filiation s’arrête là. Irrité par l’entraîneur qui préfère les excentricités pileuses du « kid de Las Vegas », Jim-le-délaissé décide de rompre, il y a quatre ans, brutalement. Et cette décision le propulse véritablement. En choisissant le sorcier José Higueras comme « conseillé », Courier s’affranchit. Ce qu’il résume : « Nick m’a appris à taper dans la balle, maintenant j’ai appris à réfléchir ! Mais ça m’est complètement égal ce que les gens pensent de moi », avoue-t-il. Et quand il claque la balle, par cette chaleur (27 oC) qui s’offre à Paris comme un cadeau, Jim tente d’escamoter l’énigme : est-il vraiment le patron alors qu’il a montré sa force en laissant entrevoir ses faiblesses lors de ses derniers matches ? Le premier set devient vite sauvage. A défaut de vivre un très grand moment de tennis, les spectateurs découvrent à l’heure de la sieste le combat auquel ils s’attendaient. Le conquistador Bruguera monte au front avec ses armes : son coup droit de titan qui part de loin et qu’il décoche croisé ou non ; son lift qui fait rebondir la balle très haut et gêne considérablement l’Américain quand il veut s’appuyer dessus ; et puis ce sens tactique qui lui permet de venir à la volée finir quelques attaques. De l’autre côté, Courier paraît surpris de tant d’intelligence et de force. Sous le pilonnage, il se cramponne à l’échange. Le set s’envole (6-4). La deuxième manche inverse le propos radicalement. Bruguera baisse de régime et tombe dans les pièges rapaces tendus par Jim. La moindre incartade, et voilà le numéro 2 mondial qui mord dedans, imperturbablement (6-2). L’Espagnol est si troublant dans sa lutte contre le diable réputé invincible ici, qu’on en oublie presque la prestation livrée par Courier. Les points gagnants se succèdent de part et d’autre. « Au tennis, je joue contre un joueur sans visage », dit souvent Courier. Mais lorsqu’il perd le troisième set (6-2) il devient humain en devenant une victime sacrificielle qu’on doit égorger en public. Et Bruguera rompt avec sa solitude légendaire quand il concède la quatrième manche (6-3) en quémandant l’appui du public. Rare. Les deux artistes se regardent enfin. L’ultime manche est un soubresaut. L’Américain vire en tête 2-0. Mais l’Espagnol revient (2-2), passe devant (4-2), puis lâche l’Américain (5-3) au moment où l’urgence se fait drame. Les coups s’épanchent au-dessus du filet, laborieusement, et les deux coeurs vaillants se déplacent avec des tonnes dans les chaussures. La fatigue emboîte leurs pas, seuls les physiques parlent désormais. Bruguera communique sa fièvre ardente à des spectateurs qui n’attendent que ça. C’est l’heure où les passions s’embellissent et se mettent à nu. Un certain Sergi Bruguera réalise l’impossible et découvre qu’on peut « avoir mal à la tête » après une victoire tant désirée. Le sport ne serait rien sans le rêve.

DUCOIN.

JEAN-EMMANUEL.


J'adore la pique que courier lance à Bollitieri

Ca me fait chier de lire ce pavé sur Bruguera. Mais parlent-ils de la pause pipi en fin de 4ème d'où un Bruguera essoré revient en pleine bourre et intouchable sur le dernier set?

vdd a écrit:

Ca me fait chier de lire ce pavé sur Bruguera. Mais parlent-ils de la pause pipi en fin de 4ème d'où un Bruguera essoré revient en pleine bourre et intouchable sur le dernier set?

La tomate de la tartine est diurétique, tu ne te sens pas mieux toi quand tu t'es soulagé ?
As-tu déjà joué avec une vessie grosse comme un melon ? Tu joues bien mieux quand tu n'as pas cette gêne.

de toutes façons il etait accompagné...

et puis je le vois mal faire comme dans le parrain en planquant une piquouse
dans la chasse d'eau

vdd a écrit:

Ca me fait chier de lire ce pavé sur Bruguera. Mais parlent-ils de la pause pipi en fin de 4ème d'où un Bruguera essoré revient en pleine bourre et intouchable sur le dernier set?

Ah, c'est pour ça alors qu'on l'affuble du doux surnom de Sergi le chimique?

Si il y a bien un joueur ayant gagné roland garros et qu'on ne peut pas soupsconner de dopage c'est bien Bruguera.Il n'avait pas vraiment de muscles , et avait souvent des baisse de régime pendant les matchs.J'ai revu il n 'y a pas longtemps le match contre Berasategui et on pouvait voir qu'après seulement 1h30 de jeu il était presque cramé.

sublime argumentation :pt1cable: Sinon Korda aussi avait souvent des baisses de régime dans ses matchs et il a quand même été pris

Et Coria était pas réputé pour sa masse musculaire...

AGASSI 91 a écrit:

Et Coria était pas réputé pour sa masse musculaire...

Non mais il était réputé pour être capable de courir comme un lapin pendant 4h de match.En plus Bruguera a été un des rares à exprimer pleinement ses doutes sur canas avant que celui ci ne se fasse prendre.Je l'imagine mal en donneur de lecon si lui même s'est dopé dans sa carrière.

kristal a écrit:

AGASSI 91 a écrit:

Et Coria était pas réputé pour sa masse musculaire...

Non mais il était réputé pour être capable de courir comme un lapin pendant 4h de match.En plus Bruguera a été un des rares à exprimer pleinement ses doutes sur canas avant que celui ci ne se fasse prendre.Je l'imagine mal en donneur de lecon si lui même s'est dopé dans sa carrière.

Oui et Bruguera s'est cuit en 4 ans, comme Courier. En tenant si peu, c'est sûr qu'ils n'ont rien pris.
DC'ailleurs je pense que le dopage est assez peu fréquent dans le tennis. Un match est imprévisible, à part la cocaïne qui permet un état euphorique, je vois mal ce que peut apporter le reste.

botany a écrit:

kristal a écrit:

AGASSI 91 a écrit:

Et Coria était pas réputé pour sa masse musculaire...

Non mais il était réputé pour être capable de courir comme un lapin pendant 4h de match.En plus Bruguera a été un des rares à exprimer pleinement ses doutes sur canas avant que celui ci ne se fasse prendre.Je l'imagine mal en donneur de lecon si lui même s'est dopé dans sa carrière.

Oui et Bruguera s'est cuit en 4 ans, comme Courier. En tenant si peu, c'est sûr qu'ils n'ont rien pris.
DC'ailleurs je pense que le dopage est assez peu fréquent dans le tennis. Un match est imprévisible, à part la cocaïne qui permet un état euphorique, je vois mal ce que peut apporter le reste.

Sans blague, tu déconnes ou quoi?

Je n'accuse personne mais dans le jeu ultraphysique où ça se joue à la résistance (donc sur terre notamment), il est clair que l'EPO, indétectable jusqu'en 2000, est un plus énorme (et encore, pour les vrais contrôles, ce doit être plus récent en tennis).

Sur un échange peut-être pas, mais tandis que le non dopé voit son coeur battre la chamade, le dopé est tranquille, et ça au bout d'1h30, c'est d'une importance capitale... (et je suis sûr qu'il y a plein d'autres produits "utiles"...). Et là je ne parle même pas de l'usage massif de cette molécule aujourd'hui encore à l'entraînement.

kristal a écrit:

AGASSI 91 a écrit:

Et Coria était pas réputé pour sa masse musculaire...

Non mais il était réputé pour être capable de courir comme un lapin pendant 4h de match.En plus Bruguera a été un des rares à exprimer pleinement ses doutes sur canas avant que celui ci ne se fasse prendre.Je l'imagine mal en donneur de lecon si lui même s'est dopé dans sa carrière.

Je sais bien, mais je voulais juste souligner l'absurdité de l'adage dopé=gros muscles que tu semblait vouloir mettre en évidence dans ton précédent post.

colin a écrit:

botany a écrit:

kristal a écrit:

AGASSI 91 a écrit:

Et Coria était pas réputé pour sa masse musculaire...

Non mais il était réputé pour être capable de courir comme un lapin pendant 4h de match.En plus Bruguera a été un des rares à exprimer pleinement ses doutes sur canas avant que celui ci ne se fasse prendre.Je l'imagine mal en donneur de lecon si lui même s'est dopé dans sa carrière.

Oui et Bruguera s'est cuit en 4 ans, comme Courier. En tenant si peu, c'est sûr qu'ils n'ont rien pris.
DC'ailleurs je pense que le dopage est assez peu fréquent dans le tennis. Un match est imprévisible, à part la cocaïne qui permet un état euphorique, je vois mal ce que peut apporter le reste.

Sans blague, tu déconnes ou quoi?

Je n'accuse personne mais dans le jeu ultraphysique où ça se joue à la résistance (donc sur terre notamment), il est clair que l'EPO, indétectable jusqu'en 2000, est un plus énorme (et encore, pour les vrais contrôles, ce doit être plus récent en tennis).

Sur un échange peut-être pas, mais tandis que le non dopé voit son coeur battre la chamade, le dopé est tranquille, et ça au bout d'1h30, c'est d'une importance capitale... (et je suis sûr qu'il y a plein d'autres produits "utiles"...). Et là je ne parle même pas de l'usage massif de cette molécule aujourd'hui encore à l'entraînement.

Ok sans doute mais quand tu es dans un mauvais jour, quand tu ne sens plus tes coups, je ne vois pas ce que peut apporter l'EPO. C'est un dopage sur un pari. Bourré d'EPO mais toutes tes balles dehors...
Tandis que pour le cyclisme, il ny a que l'effort, la technique, les sensations sont beaucoup moins importantes.
Quand tu vois un Korda prendre un stértoïde anabolisant ? Korda c'est avant tout son bras, que peut lui apporter de vraiment profitable de la masse musuculaire en plus ?

botany a écrit:

Ok sans doute mais quand tu es dans un mauvais jour, quand tu ne sens plus tes coups, je ne vois pas ce que peut apporter l'EPO. C'est un dopage sur un pari. Bourré d'EPO mais toutes tes balles dehors...
Tandis que pour le cyclisme, il ny a que l'effort, la technique, les sensations sont beaucoup moins importantes.
Quand tu vois un Korda prendre un stértoïde anabolisant ? Korda c'est avant tout son bras, que peut lui apporter de vraiment profitable de la masse musuculaire en plus ?

Tout à fait d'accord. C'est pas de l'EPO qui permet de reprendre du poil de la bête tout d'un coup. Et ce genre de produits (genre amphét) est détecté au contrôle.

de toute façon ce que dit vdd ne me rappelle rien (vu que ce match n'est pas ma tasse de thé :biggrin: ) et je n'ai pas d'opinion...

Quant à Korda, je crois que c'était un dopage stupide de fin de carrière. Triste, mais pas très important.

Sur le circuit ATP en ce moment j'ai beaucoup de doute sur davydenko celui que ses collègues du circuit appelle le "robot".Quelle cadence il imprime dans un match c'est inhumain

Un article humoristique que j'ai peché sur http://www.grandchelem.net/

Sergi Bruguera (en français avé l’açent)

Sergi, quelle est la différence entre la finale de Roland Garros 2006 et 2007 ?

Yé trouve que Federer, il continou dé sé tromper.


En quoi il se trompe ?

Ah, non ça, yé peux pas te le dire.


(Petit sourire) Mais si tu me dis qu’il se trompe, c’est qu’il devrait faire autre chose. En quoi il doit progresser face à Nadal

(Grand sourire) Yé crois que yé té déjà répondou à la question


On éclate de rire. Une demi-heure plus tard. Fin d’une interview vraiment géniale. On ferme le magnétophone.


Bon alors, maintenant, Sergi, est-ce que tu peux nous dire ce qu’il doit faire Federer contre Nadal ?

(Il se lève en éclatant de rire). Pour oune questioun comme ça, faut presque qué tou mé donne dé l’argent.
:roule: